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Le Péché des Anges, Antoine Chollier et Henri Lesbros
Présentation du livre
Résumé
Éditeur : Emmanuelle Poyet
Année : 1947
Pages : 200 P.
Prologue
On lira avec émotion le dernier livre qu'ait pu inspirer la collabo ration du regretté Antoine Chollier et d'Henri, Lesbros. Ce n'est aucunement une œuvre banale; on peut dire, au contraire, que << le péché des Anges >> est digne d une large audience et qu'il reste un témoignage précieux sur la psychologie féminine et les conflits du sentiment religieux individuel et des règlements ecclésiastiques, opposés au nom du bon sens, aux excès de zèle et aux abus de pouvoir.
Il s'agit, en effet, d'une supérieure de religieuses qui permet et encourage des pratiques de mortification telles que la santé et la vie des mentales n'y peuvent résister. Le trépas d'une de ses religieuses n'éclaire pas Mère Marie-Madeleine de la Croix sur la nocivité ou la folie de son initiative.
L'exaltation de sa fol - qui expose ses subordonnées à une sorte de suicide mystique - est tel que Marie-Madeleine résiste à son évêque et ne consent en rien à suivre les suggestions de l'humilité. Réélue supérieure par ses religieuses fanatisées, ne tenant, à vrai dire, ses pouvoirs que d'elle-même, elle subit les interrogatoires de l'enquêteur et la visite de son évêque en manifestant le plus bel orgueil, la plus grande puissance de refus. Et tout le couvent la suit docilement, envouté par son prestige et sa force de persuasion. Un jour vient où les religieuses sont excommuniées et où la Sainte Réserve est ravie a la chapelle.
Il y a là des pages du pathétique le plus haut. Aucune longueur n'en affadit l'intérêt: la tragédie religieuse se déroule implacablement sous la lumière froide de l'orgueil féminin jusqu'à la mort de Marguerite C., pauvre novice brisée par les émotions qu'elle supporte. La dernière page du récit nous annonce enfin la soumission de l'indomptable supérieure.
Que le public se rassure! Le roman aime, comme la tragédie, vivre dans l'atmosphère raréfiée de l'exceptionnel et va chercher le sublime dans les domaines inconnus. La vie des cloitres ne ressemble pas Dieu merci ! à celle qui nous est décrite avec un art souverain et une entente admirable des effets par Antoine Chollier et Henri Lesbros.
R. F.